Après le Tyson del Abasto la semaine dernière et en attendant Mayweather-Pacquiao, Lucas Matthysse (36 victoires dont 34 KO, 3 défaites) et Ruslan Provodnikov (24 victoires dont 17 KO, 3 défaites) squattent ce soir les écrans portègnes.
Un évènement à ne pas louper : les deux super légers frappent fort et jouent gros. A la clé pour le vainqueur, une chance mondiale et une grosse bourse. Pour le vaincu, la défaite de trop, quelques neurones bousillés en chemin et un statut de champion de seconde zone.
Votre serviteur a lui aussi beaucoup à perdre. Retraité des rings depuis quelques années et une belle aventure mexicaine, c’est sur le pré qu’il sévit désormais. Et demain, il y a tournoi. Une dernière cartouche à ne pas gâcher quand le surpoids vous guette et que les premiers cheveux blancs commencent à faire leur nid. Sauf que samedi soir + boxe + décalage horaire = dangereuse équation. Pas question de poser une galette dominicale devant les scouts de Boca Juniors.
Aux grands maux, les grands moyens. A 22h, jogging anti-sortie enfilé, direction le canapé et la chaîne TVP (télé publique) qui a le bon goût de passer le combat. Longue vie au petit écran argentin qui vous permet de commencer la journée devant Nice-PSG et de la clore en finesse avec Lucas et Ruslan.
Le premier combat d’encadrement est d’une faiblesse insigne. L’Ukrainien Kopylenko (24-1) fait face à un ouvrier des rings, le New-Yorkais Byfield (6-7-2). Le premier, incapable de boucler l’affaire avant la limite, le public siffle et je zappe.
Le match suivant nous réconcilie avec le noble art. Le Brésilien Patrick Teixeira expédie le combat en deux rounds et chiffre désormais à 25 victoires en autant de combats. Après avoir remporté ses 30 premiers combats, le Ghanéen Patrick Allotey enchaîne une deuxième défaite consécutive. La loi des séries, en somme.
Voilà, nous y sommes. Les deux hommes sont sur le ring. Ciel, Provodnikov est un tout petit bonhomme. 1m74 contre 1m68, l’Argentin a l’allonge pour lui.
Confortablement assis sur mon cul, je savoure : la prochaine demie-heure se présente bien. A ma gauche, des petits gateaux. A ma droite, google chat et un pote en Californie qui voit lui aussi Lucas gagnant.
1er round, Lucas travaille bien le jab, balance quelques droites histoire de se faire respecter.
2ème, la boucherie commence. Matthysse transforme la face du Rocky sibérien en un masque de sang. Ce qui n’empêche pas ce dernier de balancer son lot de crochets larges.
A peine le temps d’attraper un petit gâteau que les deux hommes sont de retour sur le carré dangereux pour le 3ème. Provodnikov tente de couper le ring. Matthysse travaille à distance, magnifiquement. Bon Dieu, ces deux hommes sont en pleine forme. Le public savoure, la Californie aussi. Mes cris résonnent dans la maison vide.
Début du 4ème, Lucas contrôle mais on sent que ça peut basculer à tout moment. D’ailleurs, les crochets de Ruslan atteignent de plus en plus souvent leur cible.
5ème, pfff, ce combat tient toutes ses promesses. Matthysse cogne comme un sourd pour maintenir la distance. Provodnikov encaisse sans broncher, fait pleuvoir les crochets, perd le round mais pas la guerre.
6ème, Lucas a pris le contrôle du combat. Provodnikov a une mâchoire en béton. Un ovni.
7ème, le bras avant de Matthysse dicte le rythme. L’Argentin a franchi un cap. C’est rugueux et propre à la fois. La boxe comme on l’aime.
Fin du 8ème, baroud d’honneur du Rocky sibérien. Matthysse laisse passer l’orage. Jusqu’au coup de gong final, tout va rester possible.
Pas le temps pour les gâteaux, le 9ème est pour Provodnikov qui place quelques combinaisons AK47. Lucas cherche son jab.
Un duel de volontés que ce 10e round. Une reprise dominée par Ruslan bien que Lucas reste en tête à notre pointage.
11ème, Matthysse est sur le point de mordre la poussière. On suspecte une main droite blessée. La pression de Provodnikov n’a jamais été aussi forte.
Dernier round. Le visage du Russe est indescriptible. Les deux hommes s’embrassent au début et à la fin de la reprise. Entre temps, Provodnikov marque des points.
C’est le temps des comptes d’apothicaires. De La Hoya, nouveau promoteur de l’Argentin, a l’air confiant. Les deux hommes ont gagné le respect de la foule. Lucas Matthysse le combat, de justesse. Tristesse pour Ruslan Provodnikov pas payé de ses efforts.
Un grand coup de chapeau aux deux hommes et aspirine pour tout le monde.
NZ à Buenos Aires