« Le Sénégaulois », c’est Souleymane M’Baye, 20 ans à écumer les rings du monde entier, 7 championnats du monde, 2 championnats d’Europe et autant de championnats de France. Un clin d’œil aux origines d’un homme qui se sent partout chez lui. Le genre à faire son entrée vêtu d’un boubou bleu-blanc-rouge.
Souleymane M’Baye a raccroché les gants l’année dernière après un énième come-back à quarante ans bien tapés. Depuis, on l’a retrouvé à l’affiche du film Sparring en compagnie de Mathieu Kassovitz. Avec sa boxe tout en finesse, il a été l’une des figures de la boxe tricolore de ce début de siècle. Budo Éditions lui consacre un bel ouvrage avec Laurent Gudin derrière l’objectif et Karim Ben-Ismaïl aux mots. Un hommage amplement mérité.
On y apprend qu’après son premier combat (victoire en un round), en novembre 1998 au Danemark, Marvin Hagler l’avait félicité d’un prémonitoire : « Un jour tu seras champion du monde ». Marvelous avait vu juste.
M’Baye était un magnifique boxeur mais il avait les mains et les poignets fragiles. Il compensait en boxant avec sa tête. Il a rapidement compris qu’il fallait frapper fort le jour J et que ça n’était pas la peine d’abimer son outil de travail sur le sac d’entraînement.
Autre conseil de vieux crocodile : s’entraîner en musique car comme le disait son coach de toujours José Ngufulu : « la boxe c’est fait de temps et contretemps ».
Il faut donc danser, bouger. « Un boxeur immobile, c’est un boxeur mort », ajoute le champion.
On apprécie aussi les photos de salles de boxe : Auguste-Delaune à Levallois ou le Ingle Boxing Gym à Sheffield, là où Prince Naseem Hamed a fait ses premières armes.
« Ces salles puent la sueur. Le tapis de ring est élimé, la peinture écaillée, le parquet patiné, les sacs de frappe bosselés sont parfois rapiécés. Par le sang versé, des centaines de boxeurs y ont laissé leur âme. »
Celle de Souleymane M’Baye est toujours là, intacte. A portée de bouquin.
Souleymane M’Baye « Le Sénégaulois », Budo Éditions
NZ