Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

BOX-USA-PUR-MEX-COTTO-ALVAREZ

JC, Antoine, Felix et moi, rien ne nous a été épargné. L’arrogance de Floyd « Money » Mayweather, la naïveté de Victor Ortiz, la décrépitude de Manny Pacquiao, l’impuissance des challengers de Wladimir Klitschko… on s’est tout farci sans broncher. Le combat de ce soir, Miguel Cotto contre Saul Canelo Alvarez, est une juste récompense. Un duel pas couru d’avance entre deux gars qui tapent fort et respectent les fondamentaux.

Ça aurait été chouette de le voir avec mes amis. On aurait mis le réveil à quatre heures, traversé Paris en pétrolette, tiré la sonnette en espérant que notre hôte n’ait pas bu le coup de trop. Puis, on se serait félicité d’être debout si tôt. On en aurait décapsulé une et on se serait envoyé quelques tranches de sauciflard. On a droit qu’à un seul tour de manège, pas vrai ?

Les combats d’encadrements entre deux bâillements. Nos prières pour qu’une série de KO expéditifs nous en délivre. On aurait lutté contre le sommeil. Et attendu de voir lequel de nous s’endormirait le premier.

Sauf qu’il y a l’Atlantique entre mes amis et moi. Et ce soir, ça me coupe la chique.

Oh et puis merde ! Parlons plutôt du match.

Ce soir, ou plutôt hier soir, vous auriez pu me trouver à La Fabrica del Taco, dans le quartier de Palermo, Buenos Aires. Le taco y est effectivement fabriqué avec soin et les proprios savent parler aux hommes : deux tacos pour le prix d’un pendant la durée du combat. Et deux, trois mexicains à pousser derrière leur champion, censé passer un cap ce soir devant un adversaire expérimenté. Moi aussi j’encourage le roux. Apprenez que je choisis TOUJOURS le Mexicain. Mon unique défaite (en autant de combats) ayant été l’oeuvre d’un des leurs, il en va de ma réputation.

Les atouts du Canelo : puissance de frappe et combinaisons. Ceux de Cotto : crochet du gauche et intelligence du ring. Une opposition somme toute classique entre la jeunesse et l’expérience, entre la force et l’habilité.

La soirée commence avec une première ration de tacos al pastor et Guillermo Rigondeaux. Le Cubain, qui vient de signer chez Roc Nation Sports, s’impose en baillant. Aux points, sans frayeur ni spectacle.

Suivent Vargas et Miura. On compte sur Francisco pour expédier l’affaire. Il s’en faut d’un cheveu, Miura vacille mais voit le bout du premier round. Le Japonais a de la ressource. Au 4e, il place un gauche de derrière les fagots et score le premier knock-down du match. Un beau duel de frappeurs. Au 9e, quasi aveugle d’un oeil et largement dominé, Vargas envoie valdinguer Miura. Le Japonais se relève pour encaisser une nouvelle pluie de coups. L’arbitre arrête les frais.

Les choses sérieuses peuvent commencer. La deuxième ration de tacos ? Oui sans doute ainsi que le combat de la soirée. Dans son poncho noir, Canelo a l’air serein. Cotto, tendu.  Le public a choisi son camp. Les Mexicains sont en masse dans les travées du Mandala Bay de Las Vegas.

Dès le premier coup de gong, Cotto boxe, tourne, évite les cordes et pique. Canelo tente de le cadrer pour porter ses coups puissants. Pour un type de 35 ans, le Portoricain a de beaux restes. Son jeu de jambes est largement supérieur à celui de son cadet, plus lourd. Il faut se rendre à l’évidence, le Mexicain est un puncheur aux pieds plats. Bon peut-être, mais limité et mal à l’aise dès qu’il a affaire à un technicien de haut niveau. Dommage.

On assiste à un beau combat, malgré tout, âpre et technique. Canelo place de belles esquives et touche parfois mais échoue à faire fructifier son avantage. Cotto, jamais ébranlé, exécute son plan à la perfection. A l’issue des douze rounds, la fête est gâchée par le pointage des juges qui voient Alvarez largement devant. Gagnant, peut-être mais alors de peu. Le match nul n’aurait pas été volé. Cotto aurait peut-être dû régler les 300 000 dollars réclamés par la WBC.

La boxe. Belle et désespérante.

NZ, à Buenos Aires.

On s’est enfilé des tacos devant Cotto vs Canelo à Buenos Aires