Demain soir, Victor Ortiz (29 victoires – 22 KOs, 2 défaites et 2 nuls) défendra son titre de champion WBC des welters contre l’invaincu Floyd Mayweather (41 victoires – 25 KOs) au MGM Grand de Las Vegas.
LA CHUTE
Pour Victor Ortiz, l’enfer porte le nom de Marcos Maidana. Nous sommes en juin 2009, et l’Amérique assiste avec stupeur à la désintégration de l’un de ses espoirs les plus prometteurs. Usé par les coups de massue de son rival argentin, Ortiz abandonne à l’appel du 7ème round, mettant un terme à un combat explosif qui aura vu les deux hommes goûter cinq fois au tapis. Adieu la ceinture WBA des super légers.
Plus que la défaite, les explications du jeune homme de 22 ans lui vaudront d’être voué aux gémonies par le microcosme pugilistique : « Je ne méritais pas ça« . Manque de courage ? Marche arrière devant le premier obstacle placé sur son chemin d’enfant prodige ? Ortiz allait manger son pain noir.
LA REDEMPTION
La route de la rédemption allait durer près de deux ans et cinq combats, soldés par quatre victoires (Antonio Diaz, Hector Alatorre, Nate Campbell, Vivian Harris) et un nul (Lamont Peterson). Le 16 avril dernier, Ortiz obtenait enfin une nouvelle chance mondiale, disputant la ceinture WBC des welters à l’invaincu Andre Berto.
Cette fois encore, Ortiz ferait mentir les bookmakers, s’imposant en 10 rounds non sans avoir envoyé son adversaire deux fois à terre. Retour en grâce.
Là où d’autres auraient fait fructifier leur nouveau statut en enchaînant les défenses contre d’obscurs faire-valoir, pas question pour Ortiz de tergiverser. Demain, au MGM Grand de Las Vegas, le champion remettra son titre en jeu contre l’un des meilleurs boxeurs en activité, invaincu en 41 combats, Floyd Mayweather Jr.
LA GUERRE DES MONDES
Le clash promet et se déploie sur plusieurs terrains.
Choc des générations, d’abord. Ortiz rend 10 ans à son rival et bien que la ceinture mondiale lui appartienne, c’est bien lui le jeune loup qui s’attaque à une légende de son sport.
Choc des personnalités, ensuite. Ortiz est le prototype du boxeur humble, soucieux de soigner son attitude sur et en-dehors du ring. L’exact opposé de Floyd qui, à son habitude, s’est fait un plaisir d’assurer la promotion du combat en endossant l’habit du méchant. Les vannes ont fusé, fouillant et moquant le passé douloureux du jeune américain, abandonné par ses parents à 9 ans.
Choc des styles, enfin. A deux ou trois exceptions près, Ortiz a envoyé tous ses adversaires au tapis. Bien qu’il dispose d’une large palette technique, le punch sera sa meilleure arme pour surprendre Mayweather. Ce dernier est sans doute l’un des plus grands génies défensifs de l’histoire du noble art. Ses mains fragiles ne lui permettant pas de les achever, il se contente de piquer ses rivaux tout en restant intouchable.
L’invincibilité de Floyd fait l’objet de débats enflammés. Quelle valeur lui attribuer ? Souvent, le boxeur de Grand Rapids, Michigan, s’est frotté à des boxeurs sur la pente descendante, trop légers ou trop petits pour l’inquiéter. Samedi soir, il aura l’occasion de faire taire ses détracteurs en affrontant un rival confiant, puissant et dans la force de l’âge.
Pour l’un comme pour l’autre, l’épreuve de vérité approche.
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