« Comment lancer un uppercut ? », c’est le nom du lien sponsorisé qui tenait le haut du pavé de ma page Facebook l’autre matin. Evidemment, j’ai cliqué et j’ai atterri dans le salon de Johnny Nguyen. Le mec se tient debout avec ses gants tout rouges, à côté d’un bureau, prêt à donner une leçon de boxe dans une pièce qui ressemble plus à une chambre bien rangée qu’à un ring… Normal.
Enième tocard du web le Johnny ? Avant de lui coller l’étiquette, je lui donnais une dernière chance en checkant sa bio, ou plutôt l’autobiographie qu’il a pris le soin de rédiger. Au fil des lignes, mister Nguyen a marqué des points.
Né à Los Angeles, « Boxing Town », il attend pourtant ses 19 ans avant d’aller taquiner le sac de frappe en pensant très fort à son idole : Rocky. Il pousse donc avec son frère les portes de La Habra Boxing Club, une salle d’un quartier bof-bof peuplé de chicanos. Les brothers Nguyen tapent dans l’œil du coach Jerry Sanchez : « On était les deux seuls gamins asiatiques dans une salle de Mexicains ! »
A La Habra, Johnny devient un boxeur sérieux, assidu, du genre qui squatte H-24 en rêvant de gloire à la Balboa épisode 3. Et le gus n’est pas maladroit non plus avec la plume quand il décrit l’ambiance classique du club de boxe chicano :
C’était un club mexicain avec tout ce qui fait la culture de la boxe mexicaine : la musique Mariachi en fond sonore, des bagarreurs sur le ring, des coups au corps labellisés Mexico et, bien sûr, l’espagnol en première langue. (…) Les boxeurs ramenaient toute leur famille à la salle : plus y’avait de monde, plus ils s’entraînaient dur. Les gangsters du quartier étaient aussi de la partie, venus tester leurs techniques de rue. Tous ceux qui voulaient se battre recevaient des gants, un casque, et même un « protège-dent commun » (dégueu, je sais, mais j’ai dû l’utiliser aussi quand j’oubliais le mien à la maison).
Johnny croise pas mal d’anciens et de futurs champions comme Julio Gonzalez, Shane Mosley et même le grand Pacquiao. Bref, Johnny, la boxe, c’est son dada.
En revanche, il ne sera jamais ni amateur, ni pro et ne compte à son actif qu’un seul combat disputé à l’arrache à l’université. Il perd aux points contre un futur lauréat des Golden Gloves et obtient, à vie, un beau palmarès d’une défaite pour un combat (Tiens, tiens, ça me rappelle quelqu’un…).
Bref, archi-passionné du noble art et diplômé d’informatique, Johnny crée expertboxing.com, le fameux site où on boxe au salon. Malgré l’angoisse du décor, ses tutos fleurent bon le gars qui sait vraiment de quoi il parle et sa chaîne Youtube vaut le détour. Les apparences sont définitivement trompeuse… mister Nguyen passe illico du statut de « tocard » à celui de « pépite » du web.
Enfin… il termine quand même sa bio par : « Le tango est ma deuxième passion, si je ne suis pas sur le ring, je suis probablement sur la piste de danse… » Faut se décider, boxe ou danse de salon Johnny ?
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