C’est peu dire que la Team Solide a fait parler la poudre aux Jeux de Rio. L’or pour Tony Yoka et Estelle Mossely. L’argent pour Sarah Ourahmoune et Sofiane Oumiha. Le bronze pour Souleymane Cissokho et Mathieu Bauderlique. La promesse de faire mieux la prochaine fois pour Paul Omba-Biongolo, Elie Konki, Christian M’Bili-Assomo et Hassan Amzile.
La boxe est morte et pourtant ces gars-là ont ramené six médailles, faisant exploser les records d’Anvers et de Pékin (trois médailles). Une razzia qui s’est faite avec la manière, chacun boxant selon son propre style et profil. A ce titre, les techniciens qui ont emmené ces champions sur le toit du monde méritent qu’on leur tire notre chapeau. Avec trois francs six sous, ils ont fait de cette bande de potes une redoutable armada.
Bauderlique est allé au charbon comme un Anglais. Cissokho a développé un jab que n’aurait pas renié Emmanuel Steward du Kronk Gym de Détroit. Souley, sûr que ce bon vieux Mr José a dû en écraser une à te voir boxer comme ça. Oumiha a régalé avec sa boxe de styliste. Ourahmoune a conclu son 265e combat en argent. Cette fille est épatante. On n’a pas fini d’entendre parler d’elle. Mossely a confirmé.
Et que dire de Tony Yoka ? On tient notre champion. En lourd qui plus est. La lecture du palmarès olympique des plus de 91 kg en or laisse pantois : Joe Frazier (1964), George Foreman (1968), Teofilo Stevenson (1972, 1976 et 1980), Lennox Lewis (1988), Vladimir Klitschko (1996) et Anthony Joshua (2012). C’est dans les pas de ce dernier, déjà champion du monde IBF, que le Français a annoncé vouloir marcher. Grand bien lui fasse.
Pendant la compétition, à défaut d’être brillant, Yoka a démontré qu’il avait fait siennes toutes les ficelles du métier. Yoka sait tout faire. Diamant brut poli à l’INSEP sous la houlette du Cubain Luis Mariano Gonzalez, c’est aujourd’hui un magnifique technicien qui peut durcir sa boxe à l’envie. Devant Joyce puis Hrgovic, deux beaux frappeurs qui n’étaient pas venus pour faire de la figuration, il a pris des coups sans broncher. Il a su les accompagner, les digérer, les encaisser. Yoka n’a pas le menton fragile. C’est un dur à cuire capable de remporter une finale olympique avec un ligament de la cheville arraché.
Faire profil bas, très peu pour lui. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Il avait annoncé l’or, il l’a autour du cou. Il a de l’arrogance à revendre. Celle du mec qui tire la langue à son adversaire ou cale un Ali shuffle sur une cheville. Que Yoka ne baisse jamais la tête. Qu’il conserve cette arrogance. Quand on est un jeune poids lourd et qu’on a l’avenir devant soi, c’est le meilleur billet pour le Madison Square Garden.
Il ira loin, Tony. Ils iront loin. Tous autant qu’ils sont. Sur ou en-dehors du ring. C’est inévitable. « Le travail porte toujours ses fruits », c’était leur message. Ils ont su le diffuser en mondovision avec une belle dose de solidarité et de courage. Aller au bout de soi-même, ça vous marque un homme. La Team Solide et ses valeurs, ils les porteront pour longtemps au fond du cœur.
NZ