Sport violent par excellence, la boxe n’a pourtant rien à voir avec le combat de rue.
Pourquoi ? Parce que la violence est encadrée par un corpus de règles prédéfinies et acceptées par les combattants.
Cet encadrement de la violence est un élément important du processus de civilisation : au fur et à mesure de leur évolution, les sociétés veillent à ce que la violence soit mieux encadrée et contrôlée.
Le sociologue Norbert Elias, père du concept de « processus de civilisation », explique que l’État moderne s’est construit en s’adjugeant le monopole de la violence. En d’autres termes, on ne se fait plus justice soi-même, c’est l’État qui rend la justice.
Avant même que l’État ne prenne la main, l’avènement du duel dans les sociétés modernes avait introduit un premier niveau de contrôle de la violence. Au lieu d’exploser à la première étincelle, on suspendait la violence, on fixait un rendez-vous, on choisissait les témoins et les armes avant de régler ses comptes en gentilshommes.
Malgré le chemin parcouru, du duel au pistolet ou à l’épée – régulièrement sanctionnés par la mort d’un ou des protagonistes – au combat de boxe, ce dernier s’inscrit dans l’héritage des duels d’honneur et dans la même logique de civilisation des mœurs : la violence s’exprime dans le cadre d’un combat arrangé.
Les émotions violentes qui ont toujours secoué nos sociétés n’ont pas disparu, mais aujourd’hui le sport – comme spectacle ou comme pratique -, leur permet de s’exprimer sans créer de désordre. Épée, pistolet, gants de boxe, les modalités du duel ont muté, mais nos pulsions de violence continuent à s’exprimer là où elles le peuvent, là où la société le tolère.
Et demain ?
Sources : Norbert Elias et Eric Dunning, Sport et civilisation, la violence maîtrisée.
NZ