Samedi soir sur le ring de la Seine musicale, Souleymane Cissokho a encore frappé un grand coup. Cinquième combat pro, cinquième victoire, cinquième KO. Propre et solide. Cette fois, c’est le valeureux mexicain Daniel Vega Cota (11 victoires, 1 nul et désormais 1 défaite) qui a payé pour mesurer les progrès du médaillé de bronze olympique. L’homme frappait fort et n’était pourtant pas là pour faire de la figuration. Il a pu observer qu’un monde le séparait du Français. A cheval entre Union City et Bagnolet, sous la houlette de Virgil Hunter et d’Ali Oubaali, Cissokho est en train de construire son propre style. Une boxe vive, agile, efficace. Et cérébrale. Le moindre geste est calculé. Cissokho est un joueur d’échecs. Il pense toujours au coup suivant. Parfois, il utilise son jab ou son bras arrière au ralenti, comme s’il mesurait la distance qui le sépare de sa cible. Une demi-seconde plus tard, PAF, il touche en plein dans le mille. Il y a aussi ses retraits du buste suivis de magnifiques enchaînements uppercut-crochet. Après l’avoir envoyé à terre aux troisième et quatrième rounds, Souleymane The Hitman Cissokho a mis KO son rival d’une droite au cinquième. Il pourrait bien remonter sur un ring le 7 avril prochain au Palais des sports de Paris, dans la même réunion que Yoka–Leonet. Avant de disputer le championnat de France des super-welters en juin ?
Cédric Vitu affichait la mine des mauvais jours, stoppé par l’arbitre au douzième round d’un combat à sens unique en faveur du champion WBA régulier des super-welters, l’hyperactif Brian Castaño. La boxe est un sport cruel. Vitu s’était préparé toute sa vie pour cette chance mondiale. Il n’a rien pu faire, passé à la moulinette argentine par le tenant du titre qui, après Michel Soro, ajoute un deuxième scalp français à sa collection. Castaño lui est rentré dedans dès le premier coup de gong, et Vitu n’a pas su ou pu éviter la castagne. Il aurait fallu distribuer, tourner, fatiguer l’Argentin. Evidemment bien plus facile à dire qu’à faire, mais en restant devant Castaño, Vitu a boxé contre nature tout en faisant le jeu de son adversaire.
Castaño est un boxeur intéressant, relativement neuf à ce niveau. Il compte déjà 16 victoires en autant de combats. Il compense son manque d’allonge par une impressionnante condition physique et une agressivité de tous les instants. Un digne successeur du désormais bedonnant Marcos Maidana et d’un Lucas Matthysse engagé dans un come-back douteux qui devrait – c’est tout le mal qu’on lui souhaite – déboucher sur un dernier gros chèque. Reste à voir si Brian Castaño sera capable de franchir les dernières marches vers le très haut niveau. Là-haut, l’attendent Erislandy Lara, Jarrett Hurd, Jermell Charlo et Sadam Ali. Nul doute que sous peu Souleymane Cissokho les y rejoindra.
NZ