Né à Saint Louis du Sénégal dans une famille de 22 enfants, Louis Phal, dit Battling Siki, quitte son pays natal à 9 ans et débarque à Marseille dans les valises d’une danseuse hollandaise. Rapidement livré à lui-même, il enfile les gants à 13 ans comme boxeur de foire.
Soldat pendant la Première Guerre mondiale, il remonte sur le ring dès 1919 et, passé pro à Paris, enchaîne les victoires dans un style rudimentaire où ses moulinets désordonnés finissent par coucher la plupart de ses adversaires.
Le tournant de sa carrière a lieu le 24 septembre 1922 lorsqu’il affronte le mythique Georges Carpentier à Montrouge pour le titre de champion du monde des mi-lourds.
On raconte que le scénario du combat a été défini à l’avance : après 4 rounds de boxe en dentelle, Siki doit se coucher au 5e et offrir la victoire à un Carpentier hors de forme et trop occupé par les mondanités pour s’entraîner sérieusement.
Au 3e, Siki va deux fois à terre et se voit menacé de disqualification pour manque de combativité. Une fois relevé, coup de théâtre, il charge violemment son adversaire. Au 4e, Carpentier est durement touché et va au tapis une première fois. Au 6e, Siki déchainé le jette à terre. Voyant que Carpentier, épuisé, ne se relève pas, l’arbitre disqualifie le boxeur sénégalais pour un croc-en-jambes plus que douteux.
Les juges se concertent et, dans un vacarme assourdissant, annoncent le décision définitive : Battling Siki vainqueur par KO.
Couronné champion du monde, Siki envoie du lourd : promenades sur les boulevards en compagnie de ses lionceaux en laisse, port illégal d’uniforme et outrage à agent… Il épouse deux femmes blanches en même temps et nargue les attaques racistes de la presse française.
Le 17 mars 1923, à Dublin, le boxeur sénégalais domine le local Mike McTigue pendant vingt rounds mais est victime du jugement partisan des juges irlandais.
Dégoûté, Battling s’expatrie de l’autre côté de l’Atlantique. Là encore, il ne passe pas inaperçu : peu respectueux de ses engagements, il met KO au premier round de jeunes boxeurs protégés par les gangs.
Le règlement de comptes n’est pas loin et, en décembre 1925, on retrouve son corps criblé de balles dans le ruisseau, sous le métro aérien de New York.
Battling Siki est mort comme il a vécu, en homme libre.
Source : Olivier Merlin, Georges Carpentier Gentleman du ring et lenobleart.com