Pendant que Sergio Martinez panse ses plaies et compte les billets verts, Mario Javier Nieva vend des alfajores sur la ligne de bus 316. C’est pourtant le seul argentin à avoir obtenu le nul contre l’ancien champion du monde des moyens.
À quelques rues de la gare San Miguel, quartier de Los Paraisos, Mario Javier Nieva boxe son ombre dans un petit hangar qui fait office de salle de boxe. Deux sacs, un punching-ball, un miroir, quelques portraits de boxeurs accrochés aux murs décrépis et Marito qui ouvre la boîte à souvenirs.
Je ne veux pas mal parler de lui. Mais j’ai toujours dit que Martinez encaisse mal, qu’il n’a pas de menton. Je l’ai envoyé au tapis au 5e round et je n’ai obtenu qu’un match nul.
Le combat – un 6 rounds – a eu lieu le 14 mars 1998 dans les studios d’America TV, devant 200 personnes.
Quand j’ai combattu contre Martinez, c’était déjà une starlette dont on protégeait la carrière. Tout le monde me voyait perdant. Martinez cognait dur, personne ne voulait l’affronter, mais j’ai dit oui. Résultat ? J’y suis allé mal préparé et j’ai presque gagné.
Quatre mois plus tard, les deux hommes se sont retrouvés et Martinez s’est imposé aux points.
Pour ces deux combats, Ramon González, l’entraîneur de Mario, lui a obtenu une bourse de 600 pesos. « À l’époque, c’était pas mal de fric », précise le boxeur, qui n’a pas combattu depuis un an mais se dit prêt à reprendre du service.
Mario Nieva est un pragmatique. À 40 ans, avec un fils de 11 ans, cela fait 17 ans qu’il gagne sa vie en vendant des alfajores dans les bus de la ligne 316.
Mon truc c’est qu’il y ait à manger sur la table, et s’il faut que je passe douze heures à vendre des alfajores ou que je boxe pour 500 pesos… Je n’ai jamais boxé pour devenir champion du monde, je l’ai fait par nécessité, pour manger.
Du haut de ses 7 victoires, 35 défaites et 6 nuls, Nieva apprécie les succès de son vieux rival.
Sincèrement, je suis très content qu’il en soit là. Je dis toujours qu’on est du même camp. Je me sens fier qu’il soit arrivé si loin. Je me dis : « nom de dieu, j’ai boxé ce type et il n’a pas pu me battre… »
Le destin sportif de Maravilla Martinez n’a rien à voir avec celui de Mario Javier Nieva. Le natif de Quilmes se produit dans les plus grands stades du monde pendant que Nieva boxe sur des rings en ruine sans connaître la victoire…depuis sept ans.
Martinez vit pour la boxe, Nieva boxe pour vivre. Un ouvrier du ring.
Article original d’Andres Vazquez.
Adapté par NZ.