Naseem Hamed, prince du ring
Par cultureboxe le 3 juin 2012
A ne pas montrer dans les écoles de boxe.
Boxeur professionnel de 1992 à 2002, champion du monde des Super Plumes et des Légers, Prince Naseem Hamed n’a pas eu de trop de 10 ans pour violer les fondamentaux du noble art.
L’humilité ? Balayée au gré d’entrées aussi baroques que culottées : Chevrolet Impala, tapis volant, palanquin, masque d’Halloween, Thriller de Michael Jackson, sans oublier l’indispensable saut périlleux par dessus les cordes.
La garde ? Basse, évidemment. Tête en avant, grimace de circonstance, pour provoquer un adversaire bientôt ridiculisé par l’esquive et séché par le contre.
L’équilibre ? Relatif, Prince Naseem ne rechignant pas à se jeter de tout son poids sur un rival découvert.
Le boxeur, né à Sheffield, de parents yéménites, en 1974, passe pro à 18 ans et aligne les KOs expéditifs. L’ascension est fulgurante. A 21 ans, il devient champion WBO des Super Plumes en arrêtant le Gallois Steve Robinson d’un crochet du gauche au huitième round.
Quelques mois plus tard, sa première défense est réglée en 35 secondes. Le challenger, Saud Lawal, s’écroule sur le premier coup d’Hamed poussant l’arbitre à suspendre les débats.
Jusqu’en 1997, Naseem Hamed enchaîne les défenses à domicile, pour le plus grand bonheur des supporters britanniques. Parfois, le champion vacille, met un genou à terre, pour mieux se relever et vaincre son rival par KO. Daniel Alicea, Manuel Medina, Tom « Boom Boom » Johnson mordent tous la poussière.
Noel Gallagher est conquis :
Si Naseem était musicien, il ferait partie d’Oasis. Si j’étais boxeur, je voudrais être Prince Naseem.
A la fin de l’année, Prince Naseem Hamed, se lance à la conquête de l’Amérique. La presse, intriguée, l’attend de pied ferme. Elle ne sera pas déçue. Pour son premier combat outre-Atlantique, il affronte l’ancien champion du monde Kevin Kelley. Envoyé trois fois à terre, Hamed monte les mains et l’emporte par KO à la quatrième reprise.
Chouchou de la surpuissante HBO, il enchaîne les victoires contre une opposition de plus en plus rugueuse. Wilfredo Vazquez, Wayne McCullough, Paul Ingle, Cesar Soto et Augie Sanchez allongent la liste de ses victimes.
Hamed est une superstar mais ses détracteurs, agacés par ses fantaisies, ne manquent pas de pointer les limites de cette boxe peu orthodoxe. Lorsqu’en 1999, il quitte Brendan Ingle, l’homme qui l’a découvert quinze ans plus tôt, rossant trois apprentis skinheads à la sortie des classes et invité à exercer ses talents à la salle, Hamed fait pourtant un pas vers une boxe plus traditionnelle. Les victoires continuent de s’enchaîner mais la magie a disparu.
Le 7 avril 2001, c’est un Hamed démotivé et mal préparé qui défie Marco Antonio Barrera au MGM Grand de Las Vegas. Propre techniquement, le Mexicain est un monstre de détermination, prêt à tout pour l’emporter. Lorsque les deux hommes s’accrochent et vont au sol, il en profite pour claquer un jab en mode free fight. Malgré l’inévitable point de pénalité prononcé en sa défaveur par l’arbitre, Barrera a marqué les esprits. Jusqu’au coup de gong final, Hamed cherche le KO, échoue à placer son gauche et encaisse contre sur contre.
Les juges rendent leur verdict et le Prince déchu reprend l’avion avec une première défaite dans les bagages. Un an plus tard, il retrouve les rings pour une victoire peu convaincante contre le champion d’Europe Manuel Calvo, et raccroche les gants à seulement 28 ans.
Avec 36 victoires dont 31 par KO pour une seule défaite, Prince Naseem Hamed a marqué toute une génération. Pour le meilleur et surtout pour le pire.
http://www.youtube.com/watch?v=mRXH3HfUDA4
NZ