A 46 ans, Bernard Hopkins est le plus vieux champion du monde de l’histoire du noble art. Demain, il défendra sa ceinture contre Chad Dawson, de 17 ans son cadet. Pas prêt de raccrocher les gants, B-Hop n’en reste pas moins attentif aux effets du temps qui passe.
Le mois dernier, le Ring Magazine l’a longuement interrogé sur le sujet. Extraits.
The Ring : Vous avez souvent dit : « you don’t retire from boxing ; boxing retires you ».
Bernard Hopkins : C’est vrai.
The Ring : Selon mes observations, les grands boxeurs ne prennent pas leur retraite avant d’avoir reçu une dérouillée. Cela ne vous est jamais arrivé. La boxe va-t-elle vous mettre à la retraite ou vous arrêterez-vous à temps ?
BH : Cela ne m’arrivera pas grâce à ma défense. Si je ne prends pas l’initiative, aucun adversaire n’est capable de me toucher avec cinq ou six bons coups dans le même round. J’ai 46 ans mais ce n’est pas compliqué de comprendre pourquoi je suis encore à ce niveau. C’est d’ailleurs complètement anormal que je rayonne à cet âge-là. Malgré tout, ce que je fais aujourd’hui n’est pas une surprise pour ceux qui me connaissent bien.
J’ai un esprit de guerrier, qui me fera continuer à me battre tant que j’en serai capable. Cela dit, je ne vais pas attendre de me faire éclater pour me dire : « ça y est, j’ai pris ma branlée, je peux arrêter ». Je ne veux pas me faire éclater même si je sais que c’est un risque qu’on court en montant sur le ring. C’est pourquoi je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour continuer à gagner. Je crois en mon éthique de travail, en ma routine quotidienne. Même si parfois je souffre, je continue à travailler. A la salle, un bonus de 2000 dollars est promis à celui qui m’enverra au tapis. Il y a aussi un bonus pour celui qui arriverait à me toucher plus de 10 fois sur un round.
The Ring : Vous portez des lunettes de vue depuis peu. Est-ce un signe que le temps commence à faire son effet ?
BH : Je lis beaucoup sur l’ordinateur et ça me fatigue les yeux. Mais c’est vrai que les choses changent. Je ne suis plus le même qu’il y a cinq ans. Mais je n’ai pas l’impression d’avoir 46 ans, plutôt 36. Quand c’est fini, c’est fini. On ne peut pas négocier avec le temps qui passe.
The Ring : Votre ancien rival et désormais associé, Oscar De La Hoya, est en centre de désintoxication. Pensez-vous que ses problèmes ont quelque chose à voir avec son retrait des rings ?
BH : Je ne peux pas m’exprimer en son nom, mais nous partageons le même ADN du combattant. Le succès est une drogue contre laquelle les athlètes doivent lutter. Quand vous raccrochez les gants, vous devez accepter de ne plus être dans la lumière. Mais cela ne veut pas dire qu’on vous a oublié, car si vous réussissez, l’histoire se souvient de vous. Vous existez toujours mais différemment et neuf boxeurs sur dix souffrent pour remplacer ce vide.
Interview du Ring Magazine traduite par nicolas@zeisler.fr