C’est parti : Manny Pacquiao a lancé son camp d’entraînement, deux mois avant d’affronter le mexicain Antonio Margarito à Dallas pour le titre vacant des super welters.
Pacquiao est un drôle de personnage, un hyperactif qui, depuis son dernier combat, s’est fait élire au Congrès des Philippines pour représenter sa province natale de Sarangani (voir Une nouvelle victoire pour Manny !).
Pourtant, lui qui n’avait pas enfilé les gants depuis son dernier combat (une victoire contre Joshua Clottey, le 13 mars dernier. Voir Pacquiao frappe encore) a commencé l’entraînement sur les chapeaux de roues. Sparring partners, coach, amis, journalistes, curieux, tous reconnaissent que le philippin est mort de faim.
A Baguio City, il bénéficie des bienfaits d’une préparation en altitude (1.500 mètres) loin de l’agitation de Manille où son équipe parlementaire expédie les affaires courantes.
Pacquiao a déjà une semaine d’entraînement dans les pattes : la semaine dernière, entre deux sessions du Congrès, il s’est dérouillé au Elorde Gym de Quezon City, dans l’agglomération de Manille.
Avec Freddie Roach aux pattes d’ours, il a montré qu’il n’avait pas perdu une once de vitesse et ni de puissance. Après 10 rounds de leçon, Coach Freddie a lâché quelques indices sur la stratégie de son poulain pour ratatiner Margarito.
On travaille plus sur les angles de façon à ce que Margarito ne trouve personne en face de lui. Il va nous courir après comme il le fait d’habitude et dès qu’il lèvera un pied pour avancer, on le punira. Les quatre premiers rounds, il va tenter de nous asphyxier en avançant et on lui tendra des pièges avant de l’enchaîner avec des combinaisons. J’adore ce genre de boxeurs : ils sont parfaits pour Manny.
Coach Freddie a également prévu un plan B au cas où le mexicain serait tenté d’adopter une autre approche.
Je pense qu’il va essayer de bouger un peu plus que d’habitude. C’est pourquoi je suis venu avec un sparring partner qui sait se déplacer. On se prépare à toutes les situations. Margarito peut se déplacer, reculer mais ce n’est pas son point fort et il aurait tort de jouer à ça avec Manny.
Jeudi, c’était le premier jour de sparring et Glen Tapia, l’un des petits protégés de Coach Freddie, 20 printemps au compteur, a été le premier à partager le ring avec le philippin. Impressions.
C’était une super expérience. C’est le meilleur. C’est comme si vous boxiez un gaucher et un droitier en même temps. Il trouve des angles étonnants, vous touche et il est déjà ailleurs. Il est très rapide. Son jeu de jambes est incroyable. Il vous frappe et il est de l’autre côté puis il vous frappe et de nouveau il a changé de côté.
Verdict du coach.
C’était mieux que prévu. Il a fait des choses bien, d’autres moins bien. C’est le premier jour.
Et une nouvelle couche sur Margarito.
Je ne dis pas que c’est un boxeur sale mais il est très physique et il essaye de gagner par tous les moyens (sic). Je m’attends à des coups de tête, coups de coudes et coups bas. Ca fait partie du jeu. Manny saura quoi faire pour éviter ces situations. J’ai un principe : le type te frappe sous la ceinture, tu le frappes sous la ceinture. Manny ne le fera pas, il est trop respectueux, c’est sa nature.
On a un plan A, B et même C. (…) Quand il monte sur le ring, Manny connaît parfaitement les différentes stratégies qu’on a mises en place à l’entraînement. Après, quand un boxeur prend un coup, ça l’énerve et il réplique immédiatement. Mais j’aime ça, il a du coeur. C’est ce qui fait que Manny Pacquiao est Manny Pacquiao.
Freddie Roach est dithyrambique sur la générosité de son poulain dans l’effort.
La protection que je porte ne suffit plus. Je prends encore plus cher que d’habitude. L’autre jour, il m’a mis sur les fesses pour la première fois de ma vie. Il est tellement explosif. Il est si rapide, si précis, il est juste…BOUM ! Il vous explose dessus. C’est quelque chose qu’il a toujours eu mais maintenant il sait parfaitement s’en servir. C’est quelque chose qu’on travaille tous les jours mais sa puissance, il est né avec, j’ai rien fait. Il est né avec. Il a toujours eu cette capacité à mettre KO sur un coup.
Sur la préparation de huit semaines qui vient de commencer.
C’est intense. Il court 1h30 le matin et s’entraîne 3h30 à la salle l’après-midi. Il ne relâche jamais la pression. On a fait une heure de pattes d’ours et il continuait en ignorant la sonnerie. S’il a besoin d’un jour de repos, je lui donne bien volontiers : lui faire prendre un jour de repos, c’est le plus dur avec lui !
Antonio Margarito, good luck…
nicolas@zeisler.fr