Destins croisés des hommes de poing et de point-virgule. Des boxeurs et des écrivains. Mais surtout des BFF. Aujourd’hui, une amitié riche en coups dans la gueule et au comptoir.
Hemingway est prêt à tout pour démontrer qu’il est un homme, un vrai. Ne déclare-t-il pas que son écriture n’est rien et que sa boxe est tout ? Dans les années 1930, il fait la connaissance du Néo-Zélandais Tom Heeney. Ce gigantesque gaillard a été plombier, soldat, joueur de rugby puis challenger malheureux au titre de champion des lourds. C’est l’été 1935, sur la plage de Bimini. Heeney et Hemingway tombent la chemise, enfilent les gants et boxent devant une foule de curieux. Pendant quelques minutes, Hemingway chasse les mouches, incapable de poser le poing sur son rival. Mais à chaque fois qu’il raconte l’anecdote à un non-initié –et il ne s’en prive pas-, sa performance prend davantage d’ampleur. Deux ans plus tard, Heeney ouvre un bar à Miami Beach dont Hemingway devient un habitué. Ensemble, ils organisent des sessions de pêche ou des escapades secrètes à Cuba. Pour boire. Hemingway ne manque jamais une occasion de présenter Heeney à ses proches. Plus que tous ses livres, l’amitié d’un boxeur, il ne connaît pas de plus grande fierté. Dans le bar, il y a une gigantesque affiche du patron, torse nu et poings dressés, encadrée de deux petites photos d’Ernest posant avec le produit de sa pêche. Tom Heeney en est très fier, lui aussi.
NZ