Les destins croisés des hommes de poing et de point-virgule. Des boxeurs et des écrivains. Mais surtout des BFF.
Arthur Cravan aurait voulu être « toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux ». Précurseur des surréalistes et des dadaïstes, le neveu d’Oscar Wilde est tout de même poète et boxeur. Champion de France amateur sans donner un seul coup de poing, Cravan crée en boxant. Comme ce dimanche 23 avril 1916 où le tout Barcelone se presse aux arènes Monumental pour voir le « poète aux cheveux les plus courts du monde » défier Jack Johnson, l’ancien champion des lourds qui vit en exil depuis la perte de son titre. Les deux hommes vivent par et pour le scandale. Johnson est un provocateur né qui mène grand train et ne cache pas son goût pour les femmes blanches. Cravan défraie la chronique en organisant des conférences où il insulte le public, tire des coups de feu en l’air et menace de se dévêtir.
Malgré une campagne de presse savamment orchestrée, le jour du match la montagne accouche d’une souris. Cravan est mis KO en 6 rounds au terme d’une performance médiocre qui restera cependant dans les mémoires comme l’un des premiers happenings de l’histoire de l’art. La bourse permettra au vainqueur de financer son exil européen et au vaincu d’acheter un aller-simple pour New York, loin des tranchées de la Première Guerre mondiale.
NZ