J’inaugure une nouvelle rubrique : une série de petites vignettes sur les destins croisés des hommes de poing et de point-virgule. Des boxeurs et des écrivains. Mais surtout des BFF.
Jim Jeffries n’a aucune envie de remonter sur le ring. Il y a six ans, il a raccroché les gants avec le sentiment du devoir accompli : champion du monde en titre et invaincu en 21 combats. Depuis, il coule des jours heureux dans sa ferme près de Los Angeles avec son bétail, ses chevaux et ses lapins.
Cela dit, Jack London n’est pas de cet avis. Le grand écrivain ne manque aucun combat et s’entraîne tous les jours, quitte à supplier sa femme de lui donner la réplique. Jack admire Jeffries mais il déteste Johnson, le détenteur de la ceinture et premier noir champion du monde des lourds. Prêt à tout pour convaincre Jeffries de remettre le bleu de chauffe, il organise une violente campagne de presse qui fait du vétéran le grand espoir de la race blanche.
Le 4 juillet 1910 à Reno, Nevada, il assiste, impuissant, au naufrage de son champion. Johnson expédie Jeffries en quinze rounds, félicitant au passage Jack London, assis au bord du ring, pour sa clairvoyance.
NZ