Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

Foin de Dusseldorf, Cultureboxe envahit la Taverne du Croissant, Paris 9ème, pour un compte rendu minuté.

22h30. Pressentant une organisation à la ponctualité teutonne, les amateurs de noble art, pinte en main, attendent le début du combat avec la patience d’un paysan du Danube.

Les bookmakers condamnent Jean-Marc Mormeck. Wladimir Klitschko est donné gagnant à 1,01. Un placement sûr. Prends ça le livret A.

22h50. Orange Sport investit les écrans de la Taverne. Premières images du Français. Jogging gris, il enfile ses bandes, l’air pensif.

23h03. Marcel floqué JMM, le challenger fait son entrée, regard soucieux. On compatit. On communie. Le moment est historique. Après Georges Carpentier et Lucien Rodriguez, Jean-Marc Mormeck est le troisième français à tenter de conquérir la ceinture de champion du monde des lourds.

La salle s’anime. Un « à l’abattoir » fuse.

Le téléphone vibre. Texto : « c’est Rocky 3 contre Rocky 4 ». A méditer…

23h06. Wladimir Klitschko fait une entrée triomphale. La lumière est blanche, le fond est bleu, Sébastien Tellier peut aller se rhabiller. La bête ukrainienne a l’air immense.

Silence d’enterrement. Un cri, « cours et cache-toi », résume l’état d’esprit général.

23h09. La Marseillaise résonne dans les travées du stade de Dusseldorf. L’émotion est là, mais il faut avouer que le chant guerrier a des allures de marche funèbre.

23h10. Hymne ukrainien.

23h11. Lucien Dauphin, le coach de Mormeck, sort son appareil jetable et immortalise l’instant. Classe.

23h12. En observant les deux hommes sur le ring, on se dit que Mormeck est sacrément gonflé de défier un type à qui il rend 13 kg et 18 cm.

Il est 23h15, le combat commence.

1er round. Les deux hommes se jaugent. JMM essaye de passer sous la garde de l’ukrainien. Ce dernier travaille avec son bras avant, redoutable piston.

2ème round. Klitschko tient le centre du ring. Mormeck ne trouve pas de solution. Son adversaire a l’air imprenable. On n’aimerait pas être à la place du français.

Soudain, le tenant du titre accélère et, d’une droite surpuissante, envoie JMM au tapis. L’arbitre entame le compte. Mormeck se relève. Admiratif, le public de la Taverne se dit qu’il aurait pu rester à terre et encaisser son chèque tranquillement.

Klitschko veut en finir. Ses attaques sont meurtrières mais Mormeck tient le choc et termine la reprise debout.

3ème round. JMM a l’air un peu mieux mais peine à porter ses coups. La différence de gabarit est trop importante. N’était-ce la catégorie reine, deux catégories de poids sépareraient les deux hommes.

Klitschko fait ce qu’il veut, enchaîne quatre crochets du gauche sans susciter la moindre riposte. A 10 secondes de la fin du round, les deux boxeurs perdent l’équilibre et l’ukrainien s’écroule de tout son poids sur le français, qui n’avait pas besoin de ça.

4ème round. Mormeck s’enhardit, presse et place quelques coups. En vain. Gauche, droite, crochet du gauche, le cadet des Klitschko renvoie son rival à terre. Mormeck se relève courageusement mais l’arbitre arrête les frais. A raison.

Trop grand, trop fort, trop lourd, Wladimir Klitschko était imprenable. Félicitations à Jean-Marc Mormeck qui a été au bout de son rêve.

NZ

Mormeck vs. Klitschko à la Taverne du Croissant