La Cité de la Musique accueille jusqu’au 17 janvier une vaste exposition – We Want Miles – sur le génial trompettiste américain. En la parcourant on est surpris de découvrir l’importance accordée par le jazzman au noble art. Explications.
Tout commence dans les années 50. En 1951, Miles Davis jette l’ancre à New York et taquine la trompette en compagnie des plus grands: Charlie Parker, Sonny Rollins et Max Roach…Mais tout n’est pas si simple et le père Miles se prend de passion pour l’héroïne. Si rien n’est gratuit en ce bas monde, Miles a plus d’un tour dans sa poche. Pour subvenir à ses besoins il se prend pour Iceberg Slim et met quelques jeunes femmes de bonne volonté sur le trottoir.
Très vite pourtant, Miles Davis comprend qu’entre la drogue et la musique il faut choisir. Depuis longtemps il a un petit faible pour la « sweet science ». Il admire les champions – en particulier Sugar Ray Robinson – et la discipline quotidienne qu’ils s’imposent. Miles s’entraîne à Detroit puis à New York, au mythique Gleason’s Gym. Peu à peu, l’apprenti boxeur reprend le dessus sur son addiction. Dans son autobiographie, parue en 1989 (Miles: The Autobiography, Simon and Schuster Inc 1989) , il confie : « J’ai chassé mon addiction en prenant Sugar Ray en exemple; je me suis dit que s’il pouvait être aussi discipliné, je pouvais y arriver moi aussi « .
De fait, l’admiration pour Sugar Ray ne se limite pas au quadrilatère. Miles apprécie son style sur et en dehors du ring, ses fringues, ses femmes et sa confiance. A la salle, le trompettiste progresse rapidement mais ses activités musicales lui interdisent de mettre les gants en compétition: lors des sessions de sparring, il doit éviter d’être touché à la bouche. Miles Davis établit un parallèle entre l’apprentissage de la boxe et de la musique; il faut répéter les mêmes gestes encore et encore jusqu’à atteindre la perfection. Comme la musique, la boxe demande un apprentissage de longue haleine mais les deux activités ne seraient rien sans la liberté de l’inspiration.
En 1970, Miles Davis réalise la bande originale d’un documentaire sur Jack Johnson, premier champion du monde poids lourds afro-américain de l’histoire en 1908. Le musicien s’identifie à ce bel affranchi qui menait grand train et défiait l’idéologie raciste de son époque en étalant les champions blancs et en multipliant les conquêtes féminines – il eût plusieurs femmes blanches – sans craindre les menaces racistes dont il était l’objet.
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