Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

Floyd Mayweather encore au sommet de son art

C’est une nuit de boxe qui rappelle les meilleurs moments de ce sport, ceux où la magie des combats réveillent nos instincts et excitent nos sens, où le courage et la détermination des boxeurs soulèvent nos cœurs, où la richesse du spectacle et le délire de la foule évoquent le plaisir intemporel des jeux romains.

Pour inaugurer les festivités, le bon vieux Carlos Quintana a posé ses « cojones » de portoricain sur le ring. Opposé à un jeune challenger, Deandre Latimore, Quintana a rappelé qui était le patron. Pendant 6 rounds, les deux gauchers ont livré un combat largement dominé par le latino qui s’était mis la pression tout seul en annonçant qu’il prendrait sa retraite en cas de défaite.

Il a décidé qu’il n’était pas encore l’heure de raccrocher les gants lorsqu’il lance un gauche ravageur sur la mâchoire de son adversaire. Latimore titube et s’écroule. La soirée commence bien pour les portoricains et Cotto goûte la victoire de son compadre depuis le deuxième rang des tribunes, accompagné de sa superbe femme.

Jessie Vargas et Steven Forbes franchissent ensuite les cordes pour un autre pugilat intergénérationnel.  Le petit protégé de Floyd Mayweather voudrait bien servir de bonne étoile à son mentor. Pourtant, jamais il n’a réussi à débloquer sa boxe et a déçu tous ses supporters. Sa droite n’a jamais décollé de son menton et c’est Forbes qui a fait le boulot. Même s’il finit perdant aux points, il sort vainqueur dans le cœur des spectateurs. De son côté, Vargas n’a pas montré son âme de guerrier, sauf entre les rounds en grognant contre sa faible prestation.

Passons aux choses sérieuses. Senores y Senoras, ahora viene el Canelo para festejar este 5 de Mayo ! Jour de fête pour tous les Mexicains en mémoire du général Saragoza qui défit l’armée de Napoléon III, el cinco de Mayo célèbre cette fois un nouveau héros mexicain. Saul Canelo Alvarez (39 – 0 – 1 – 29), véritable gladiateur des temps modernes, l’avenir de la boxe. Face à lui, le vieux Shane Mosley dont le premier titre mondial date de 1998 ! Pour info, Canelo avait 7 ans. Mais au nombre de combats, les deux hommes sont au coude à coude : 41 pour Mosley et déjà 39 pour Alvarez qui est tombé dans la marmite des pros à 15 ans.

Bien entendu, le public se lève pour son champion et scande des « Canelo, Canelo, Canelo » dès le premier round. Le mexicain est serein et semble enraciné dans le tapis du ring tant ses appuis sont solides. En face, Mosley respire l’inquiétude, le bras gauche en piston un peu rouillé. S’il touche parfois, l’américain ne parvient pas à appuyer ses coups, tout l’inverse de Canelo. Le rouquin se contente lui d’assauts sporadiques mais d’une puissance incroyable. Une, deux, trois, les enchainements sont précis et le bruit des impacts résonne dans le MGM Grand de Las Vegas. En bon Mexicain, Canelo place systématiquement un crochet au foie dans ses enchainements et remonte ensuite au visage. Une boxe pure, efficace, sans déchets : un vrai prodige du noble art.

Mosley tient à la réputation de son menton en acier. Même si ses jambes fléchissent parfois, il refuse d’aller au tapis. Pourtant, qu’est-ce qu’il prend ! Dans chaque reprise, les commentateurs croient que le KO se prépare, en vain. Le vétéran se replace sans cesse devant son adversaire, faisant preuve d’un courage hors du commun. Respect. Il va même monter sa boxe d’un cran lors des derniers rounds, fier de pouvoir encore assurer le spectacle face à un boxeur de la trempe d’Alvarez. Il sort perdant aux points, mais n’a pas à rougir de son combat. Canelo non plus. Un vrai putain de bon combat.
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Les lumières de la salle s’éteignent pour préparer l’arrivée de Floyd Mayweather. Le public siffle déjà l’enfant terrible de la boxe. Pour ne rien arranger, Mr Money choisie de faire son entrée flanqué du rappeur 50cent et de… Justin Bieber. Sans commentaire. Enfin si : what’s the fuck !!!!!!! Bieber qui porte une ceinture de boxe c’est comme Roumanov dans un calendrier sexy, ça se fait pas.

Miguel Cotto, de son côté, choisit une entrée simple, avec la familia et un petit bisou au fiston avant de monter sur le ring.

Tout le monde espère que le portoricain va pouvoir faire douter l’infâme Mayweather. Plus court en allonge et bien moins véloce, son unique chance est de chercher le corps à corps rugueux. Grâce à sa carrure massive, il peut alors faire mal à son adversaire. Pendant tout le combat, Cotto va appliquer cette stratégie avec une remarquable abnégation. La garde montée, les épaules rentrées, il cherche systématiquement à coincer Floyd dans les cordes pour lancer ses assauts puissants.

Mais l’invincible Mayweather est au sommet de son art et bouge son buste comme un certain Mohammed Ali. Adossé aux cordes, ses retraits sont souples et précis. Comme par magie, il semble voir les coups une seconde avant que Cotto ne les lance. Ses contres sont monstrueux, ultra rapides et précis.

Pendant 12 rounds, Mayweather boxe à la perfection malgré l’application de son adversaire. Il manque même de faire tomber Cotto à quelques secondes de la fin par un uppercut redoutable.

Il remporte une nouvelle ceinture de champion du monde dans la catégorie des super welters. Un titre mérité pour le meilleur boxeur du moment avec le philippin Manny Pacquiao.
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Après ces quatre combats, on n’a même pas envie d’aller se coucher malgré l’horloge qui indique 6h30 du mat. On a juste envie de mettre ses gants et d’aller taquiner le sac de frappe en s’imaginant au MGM de Las Vegas.

Vive la boxe !

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Mayweather, Cotto, Alvarez, Mosley… la boxe au sommet