La Havane, juin 2009
La Havane comme point de rencontre c’est improbable et pourtant c’est là que nous nous retrouvons, mon cousin, débarqué de Bogota, et moi, de Mexico, pour quelques jours au soleil.
La ville a quelque chose de fascinant, comme si le temps s’était arrêté dans les 60’s. Après avoir consciencieusement expédié la visite de deux ou trois monuments officiels et autres musées de la révolution, nous nous contentons, pour toute activité touristique, d’une sympathique errance dans les rues de la capitale cubaine.
Les jeunes enfants putes, omniprésentes, nous dépriment. La libération de la femme cubaine, célébrée par les vieilles barbes de la Révolution, s’est échouée sur les trottoirs du Prado.
Julio, notre hôte, médecin coincé sur son île, balaie nos derniers doutes sur le désastre révolutionnaire. C’est aussi lui qui, à peine arrivés, nous apprend la disparition de Michael Jackson : la tournée de cuba libre s’impose pour digérer la nouvelle.
Discussions sur la terrasse. En vrac : Silvio Rodriguez, Fidel, les privations, la censure, l’avenir. Bouché.
Rafael Trejo
J’insiste pour faire un saut au gymnase Rafael Trejo, temple de la boxe cubaine et fabrique de champions olympiques. Sur les traces de Kid Chocolate, Teofilo Stevenson et Felix Savon, nous traversons la Habana Vieja à la recherche du n° 815, rue Cuba.
A la marge du quartier touristique, les trottoirs sont de plus en plus défoncés et un panneau indique que nous touchons au but : « Gimnasio de Boxeo Rafael Trejo ».
Après de brèves négociations avec la gardienne des lieux, on nous fait entrer et asseoir sur un banc à deux mètres du ring, en attendant l’arrivée du coach.
L’arène n’est plus toute fraîche et les lattes du quadrilatère grincent de façon inquiétante.
Mais l’attente est un spectacle. Les gamins arrivent au compte goutte et esquissent des gestes de vieux boxeurs en nous ignorant royalement.
Un type est sur le ring qui donne la leçon à un gros cubain en chandail malgré les 40°C ambiants. Face juvénile, jean t-shirt, l’homme aux pattes d’ours engage la conversation pendant la minute de repos. Le gros cherche un second souffle.
La France ? Il connaît bien. Il a rencontré deux Français aux JO. Curieux, je demande :
– « Et ça s’est bien passé ? »
– « Oui ç’a été », répond-il dans un sourire avant de reprendre l’entraînement.
Le gros est au bout du rouleau mais ne tombe pas le chandail.
Quelques rounds plus tard, un autre type nous apprend qu’on vient de taper la discute avec Hector Vinent, double champion olympique en 1992 et 1996 et tombeur de Sugar Shane Mosley, actuel champion du monde WBA des poids welters.
Les enfants s’impatientent. Vinent en termine avec le gros et repart à pied. Tranquille.
II. Voyage à Cuba : Coach Alberto et le gymnase salon.
NZ