Ce soir, on attendait une ambiance électrique au Staples Center de Los Angeles. Leo Santa Cruz (30 victoires-un nul) passait l’épreuve du feu, opposé pour la première fois à un adversaire de valeur, Abner Mares (29 victoires, une défaite, un nul). Ce dernier venait d’enchaîner trois succès après avoir perdu son titre contre un autre Mexicain Johnny Gonzalez. De notre côté, à Buenos Aires, un gros défi composé de deux kilos de viande et de quatre saucisses nous faisait de l’oeil. Nous étions trois. Le défi était de taille.
Après avoir accompli notre part du boulot à hauteur de 700 grammes chacun, nous pouvions assister à la prise d’antenne confortablement assis sur notre cul. La soirée serait mexicaine avec la promesse de voir des durs, des hommes dangereux, des gars qui laissent tout sur le carré de lumière, sans l’ombre d’une arrière pensée.
Choisis pour le dernier combat d’encadrement, Hugo Ruiz et Julio Cesar Cejas sont deux jeunes hommes qui tiennent une forme du tonnerre. Ruiz a 28 ans. Il est né à Los Mochis, Sinaloa. Il a remporté 35 victoires dont 31 KO pour deux petites défaites. Cejas a vu le jour à Tlalnepantla. Il a seulement 22 ans mais a conclu 26 de 29 victoires de façon expéditive pour une seule défaite. Les deux hommes ont de la foudre dans les poings et un coeur d’aztèque. Au 3e Ruiz envoie Cejas à terre. Ruiz domine le combat. Mais quand on pénètre sur un ring, tout peut arriver. Au 5e Cejas abat Ruiz d’un crochet gauche d’anthologie à la mâchoire. Que le Mexique ne cesse jamais de produire d’aussi formidables champions !
Santa Cruz et Mares font leur entrée. Les deux hommes se connaissent depuis qu’ils ont 17-18 ans. On imagine leurs rugueuses sessions de sparring. Ils doivent les avoir bien en tête, eux aussi. Ils ont toujours su qu’ils allaient se retrouver un jour ou l’autre. Ce soir, ils vont savoir.
Dès les premiers rounds, Mares boxe en marche avant. Plus petit, il coupe la distance pour atteindre Santa Cruz au corps. Le rythme est élevé. Les coups pleuvent. La boxe de sacrifice de Mares semble payer. Santa Cruz va-t-il rejoindre le bataillon de ces boxeurs sur-côtés tombés au premier obstacle ? Non, il semble que Santa Cruz ne soit pas fait de ce bois-là. Peu à peu, il reprend le contrôle du combat. Il maintient la distance, ne rechigne pas à échanger des coups au milieu du ring. Au 4ème, un magnifique uppercut lui donne l’avantage. Le visage de Mares est marqué. Les indications contradictoires fusent de son coin et sèment la confusion. Un homme seul face à son destin. Mares serre les dents. C’est un Mexicain. Il est né à Guadalajara. Et puis on ne sait jamais : un lucky punch est si vite arrivé.
Ce sera pour une autre fois. Ce soir, Santa Cruz est un rouleau compresseur. Il touche du gant sa première grande victoire. Celle qui lui assurera le respect de ses pairs et lui ouvrira la porte des plus grands casinos d’Amérique. Les juges confirment à l’issue des douze rounds. Santa Cruz lève les bras. Mares ne baisse pas la tête.
Que viva México!
NZ