Tout plutôt qu’un vrai boulot — Tex Cobb (42-7-1)

Culture Boxe

Le 16 juillet 2008, le Mexicain Antonio Margarito surprend son monde en stoppant le champion portoricain WBA des poids welters, Miguel Angel Cotto, au terme d’un sanglant affrontement. Au 11e round, le compatriote de Tito Trinidad, soumis à la terrible pression d’un Margarito qui ne cesse d’avancer, renonce et se laisse tomber, le visage tuméfié, dans un coin du ring. Le Mexicain devient du jour au lendemain le boxeur le plus redouté de la planète boxe.

Quelques mois plus tard c’est papy Mosley, 38 printemps au compteur, qui a rendez-vous sur le quadrilatère avec la tornade mexicaine. Tout le monde est persuadé que Margarito va envoyer Sugar Shane à l’hospice, jouir enfin d’une retraite bien méritée.

Manque de bol, quelques instants avant que les deux gladiateurs ne fassent leur entrée dans l’arène, le coach de l’Américain, Nazir Richardson, à qui on ne la fait plus, attire l’attention des juges sur les bandelettes du Mexicain, enduites d’un mystérieux plâtre durcissant. Les bandes de la discorde lui sont immédiatement retirées et placées sous scellés. Bref, en grimpant sur le ring, il se doute déjà qu’un énorme scandale l’attend au coin de la rue.

Pour ne rien gâcher à la fête, son adversaire rejoue avec brio une version toute personnelle de Papy fait de la Résistance : tout en vitesse et en agilité, Sugar Shane révèle un Margarito pour le moins pataud. Devant son poste de télévision, le Mexique vibre d’un seul homme pour celui dont il a fait un peu trop vite le successeur de l’inoubliable Julio Cesar Chavez. La foule est dépitée et place ses derniers espoirs sur le fameux « menton en granite » de son poulain.

C’est triste mais toutes les bonnes choses ont une fin et, peu après le neuvième son de cloche, le bonhomme, fatigué d’en prendre plein le buffet, s’écroule lourdement. L’arbitre arrête les frais : pour la première fois de sa carrière, Margarito est K.O.

A la descente du ring, le scandale des bandes plâtrées éclate au grand jour. Depuis quand Margarito use-t-il d’artifices illégaux pour faire des briques de ses poings ? Le microcosme du noble art est outré ! Après tout, d’honnêtes boxeurs perdent la vie chaque année suite aux coups reçus sur le quadrilatère. Tous les membres de la profession se désolidarisent de celui qui a joué ainsi avec la santé de ses rivaux.

Et Margarito, exemple de classe naturelle pour les nouvelles générations, de clamer son innocence puis, constatant l’intenabilité de sa position, d’annoncer qu’il n’était pas au courant avant de tout mettre sur le dos de son entraîneur de l’époque. Malgré cette ligne de défense exemplaire, le Mexicain prend un an de suspension. Bien fait !

Pourtant, après avoir purgé sa peine, le fils prodigue de la boxe mexicaine risque de se retrouver à nouveau sous les feux de la rampe, dès le 13 mars,  au programme de la réunion qui opposera, pour le titre de champion WBA des poids welters, le champion Philippin Manny Pacquiao au challenger Ghanéen Josuah Clottey.

Bref, Margarito s’est bien foutu de nous. Malgré tout, on a envie de le retrouver ne serait-ce que pour voir ce qu’il a dans le ventre, maintenant que ses menottes de petit coquin feront l’objet d’une vigilance attentive.

NZ

Vous reprendrez bien une petite Margarito