Destins croisés des hommes de poing et de point-virgule. Des boxeurs et des écrivains. Mais surtout des BFF. Aujourd’hui, une histoire de doubles.
Gene Tunney a beau avoir arrêté l’école à quatorze ans, il a toujours un livre sous la main, ce qui lui vaut l’inimitié de certains journalistes sportifs et de ses collègues boxeurs. On accuse le champion des lourds de se perdre dans la culture.
L’un de ses auteurs préférés, Bernard Shaw, dont un buste et un cadre ornent son salon, a fait le chemin inverse. Il a payé son dû sur le ring, puis il s’est mis à écrire. Dans les salons londoniens, sa fascination pour les boxeurs fait tiquer. Cela ne l’a pas empêché de pondre Cashel Byron gentleman et boxeur, dont Tunney, qui aurait pu se reconnaître dans le personnage principal, a dit qu’il n’était pas crédible. Shaw a encaissé et apprécié l’honnêteté du champion.
Les deux hommes ont quarante ans d’écart mais ils s’écrivent et se rendent régulièrement visite. En 1929, ils passent même un mois de vacances ensemble à parler de boxe et de littérature sur un pied d’égalité.